(Par Jean-Sébastien Zanchi | Publié le 08/09/2008 à 00:10, infodunet)
- 1. Ecouter la musique autrement
- 2. Un lecteur MXP4 imprévisible
- 3. La conception d’un fichier MXP4 en détail
- 4. Quel modèle économique pour Musinaut ?
1. Ecouter la musique autrement
Depuis la création des formats de fichier audio numériques, tous sont allés chercher les améliorations vers une meilleure qualité de compression, seule jauge de leurs performances. L’historique MP3, le techniquement supérieur OGG et le succès commercial AAC sont les trois principales solutions de la musique en ligne.
Mais aujourd’hui un nouvel acteur vient mettre son grain de sel dans ce marché bien établi : le MXP4. À la base de ce format musical, aucune innovation technologique en terme de compression de données, mais plutôt en terme de création (pour l’artiste) et de lecture (pour l’auditeur). Tom’s Guide vous le présente aujourd’hui en avant-première.
Un fichier MXP4 intègre en effet plusieurs pistes dans un seul fichier. On peut ainsi passer d’une version acoustique à une autre électrique d’une même chanson. Mais cela est seulement le côté émergé de l’iceberg, puisqu’une notion d’imprédictibilité est aussi prédominante ou comment rendre la musique enregistrée enfin imprévisible ! Explications…
2. Un lecteur MXP4 imprévisible
Derrière ce mot barbare d’imprédictibilité se cache en fait une notion très excitante et très nouvelle dans l’écoute musicale : la surprise et la non-répétition d’une même chanson. Comme expliqué en page précédente, un fichier MXP4 contient plusieurs pistes, nommées ici « skin ». Chaque skin contient en règle générale un arrangement différent. Celui-ci peut différer de manière franche (version acoustique ou électrique) ou bien plus subtile (simple changement d’une partie de batterie ou de piano).
On peut ainsi passer d’une skin à l’autre manuellement pour choisir son arrangement préféré, mais l’artiste peut également avoir totalement la main sur ces changements. Il peut ainsi choisir les enchainements les plus représentatifs de l’oeuvre telle qu’il l’a voulue. Mais dans ce cas là, les changements entre skins ne sont pas pour autant gravés dans le marbre puisque l’artiste peut chosir les probabilités de ces enchainements.
Une nouvelle étape de création
Ainsi s’ouvre un nouveau processus créatif. Après les traditionnels composition, interprétation, enregistrement et mixage, vient donc une nouvelle étape : la répartition et l’équilibrage des différentes skins. Ici l’artiste peut jouer sur les accents qu’il veut donner à son morceau. Ce dernier pourra être le même la majeure partie du temps pour varier et ainsi créer la surprise lors d’une écoute sur dix par exemple. C’est cela qu’on appelle l’imprédictibilité et qui rapproche donc un enregistrement MXP4 d’une interprétation live propice à la surprise. Une chanson peut même durer deux minutes comme dix !
Mais pour en arriver là, il faut bien entendu que l’artiste mette les mains dans le cambouis. C’est ce processus de création que nous sommes allés observer chez Musinaut, l’entreprise française à la base du MXP4.
3. La conception d’un fichier MXP4 en détail
Une visite dans les locaux de Musinaut a donc été l’occasion d’une rencontre avec Eric Mallet, directeur de la production de l’entreprise. Il nous a ainsi détaillé le logiciel MXP4Creator destiné aux artistes et professionnels de la musique. Son exploration nous permet d’en savoir plus sur l’envers du décor et le processus de création d’un fichier MXP4.
La première étape consiste tout simplement à importer ses pistes audio depuis un séquenceur. Une fois affichées, on peut commencer à faire le découpage des incontournables skins à la base du système MXP4. Chaque skin intégre donc non seulement une partie chronologique du morceau, mais aussi au choix de pistes. On peut par exemple omettre d’y intégrer la tranche de la batterie
L’artiste maître de son improvisation
L’étape suivante est certainement l’une des parties les plus importantes de cette création, puisqu’elle permet justement de répartir les probabilités de lecture d’un skin. Il faut pour cela littéralement bidouiller dans la matrice ! Ce tableau représente toutes les corrélations entre les différentes skins, ainsi que les fréquences de passage de l’une à l’autre sur une échelle de 0 à 100. C’est aussi grâce à cette répartition, qu’on peut obtenir un morceau qui dure deux minutes, dix ou qui n’a tout simplement pas de fin !
La dernière étape de la conception sera donc l’exportation des fichiers au format désiré, WAV non compressé ou OGG pour prendre moins de place. Le fichier final sera au format .mxar lisible seulement grâce au MXP4Player.
Derrière ces logiciels se cache donc Musinaut, une entreprise française installée à Paris et fondée par trois grands noms des nouvelles technologies.
4. Quel modèle économique pour Musinaut ?
Musinaut est une entreprise fondée en juin 2006 par trois connaisseurs des nouvelles technologies, de la musique et du monde de l’entreprise. Philippe Ulrich est le cofondateur de Cryo, connu dans les jeux vidéo, et producteur à succès de Henri Salvador et notamment de son Chambre avec vue vendu à 2 millions d’explaires. Sylvain Huet est également cofondateur de Cryo, mais a aussi collaboré à des start-ups telles que Violet, inventrice du lapin Nabaztag. Enfin Gilles Babinet est le businessman du trio, créateur de sept entreprises dont Musiwave revendue en 2006 à Openwave.
Autant dire que les trois personnages ne sont pas là pour s’amuser et comptent bien se faire une place dans le marché très prometteur, mais si difficilement apprivoisable de la musique en ligne. Pour cela, l’une des sources de revenus les plus logiques est bien entendu la vente de leur logiciel MXP4Creator, toutefois le chiffre d’affaires de cette activité risque d’être négligeable avec une licence au prix unitaire de 349 euros.
Un écosystème vertueux pour réussir
En fait, Musinaut compte plutôt sur des accords de distribution pour créer un écosystème complet et permettra aux acteurs du marché de musique de faire de ce format un élément de différenciation. Pour Musinaut, le MXP4 n’est pas un gadget, mais une autre façon de faire de la musique.
Des négociations pour équiper les téléphones portables de lecteurs MXP4 sont d’ores et déjà entamées avec les opérateurs et les constructeurs. Mais des serveurs MXP4 existent également et permettent ainsi d’inclure cette technologie au sein même de sites Internet, comme ceux faisant la promotion d’artistes.
Il est clair le pari est risqué pour Musinaut et le seul moyen de le gagner est d’arriver à créer un cercle vertueux « contenu/contenant ». Sans musique conçue en MXP4, l’installation du lecteur devient inutile et sans lecteurs installés pourquoi produire de la musique dans ce format ? Un vrai défi !
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